Essius, le renouveau du vestiaire masculin

C’est un fait, la mode connait un tournant important. A l’image de la société, elle change, mue et mute, et par mode je n’entends pas seulement la haute couture ou le prêt à porter féminin. Bien au contraire : aujourd’hui, ce sont les hommes que rhabillent de jeunes créateurs qui offrent aux messieurs un renouveau salvateur.

Lassés des grandes enseignes bon marché qui imitent les marques de luxe sans en avoir la qualité, une génération d’hommes était depuis longtemps bien en peine de trouver chemise à leur mesure. C’est chose réparée avec l’apparition de très belles nouvelles signatures révélées à la Fashion Week homme pour l’automne/hiver 2016-2017 et remarquées lors des Designers Apartment (une initiative destinée à promouvoir la jeune création proposée par la Fédération Française de la Couture, du Prêt à Porter, des couturiers et des créateurs de mode.)

Les collections sont soignées, prônent l’élégance détachée et la qualité accrue que recherche cette génération de trentenaires, urbains, en quête de style. Car si ces hommes ne regardent pas à la dépense, c’est plus que tout pour être « looké » et tendance, en ayant la certitude de ne pas faire de mauvais choix, et être guidé vers une audace maitrisé.

Première à avoir retenu l’attention lors de sa présentation, et emblématique de cette tendance, la jeune griffe Essius brille par la cohérence de ses modèles avec la philosophie d’esthétisme insolent que ses créateurs revendiquent. Parce qu’il ne suffit pas de faire du beau, il faut aussi incarner l’histoire que l’on raconte… celle d’Essius est douce comme le cachemire qui infuse ses pulls en laine. Derrière le nom, déjà, se cachent les lettres de « Suisse », le pays d’origine de Youn Chong Bak et d’adoption d’Adel Najah, les deux créateurs de la marque. La première, ancienne DA de Smalto et spécialisée en modélisme chez Esmod, a permis au second, entrepreneur dédié au monde de la mode depuis 10 ans, de réaliser son projet. Derrière les modèles, se trouve une inspiration-hommage aux belles lettres et à l’art, ainsi qu’au Dadaïsme, revendiquée dans une attention quasi-monomaniaque portée aux détails et une fabrication artisanale italienne.

Fondée à Zurich, la marque sait s’adresser à notre nouveau gentleman moderne. Dédiée au classicisme du vêtement d’homme et guidée par l’expertise des maître-tailleurs, Essius ne manque ni d’esprit, ni d’humour, et surtout pas d’audace : « un nouveau terrain de désobéissance esthétique par le détail » disent-ils. Lignes acérées et formes anguleuses dynamisent l’allure, et une courbe inspirée par la célèbre chaise longue « LC4 » de l’architecte Le Corbusier qui trace le contour des revers des vestes et manteaux se fait la signature de la maison. Toutes les vestes sont en entoilage complet, rare de nos jours, et pourvues de plis de tailleur à l’intérieur pour le confort. Cette idée d’un « nouveau beau » hérité du mouvement Dada, guide la création et cela fait mouche. Leur première collection, très complète a été pensée pour rajeunir le tailoring, en jouant sur le graphisme des textures : laine nattée, mouchetée, imprimés géométriques envers-endroit ou encore chevrons brodés sur la laine d’un blouson à empiècement de cuirs.

On retient particulièrement un manteau col châle façon cape, le cardigan en maille avec panneaux de soie frontaux tissés, résultat d’une confection complexe très peu utilisée de nos jours ou encore le blazer avec empiècement chevrons en cuir, les pièces fortes de la collection. En vente dès le mois de juillet sur leur site et revendeurs exclusifs. Compter 350€ pour un pull en laine et cachemire, 1300€ pour un costume entoilé avec crin de cheval et 250€ pour une chemise en popeline de coton et points faits main. www.essius.com

Voilà ce que viennent chercher les hommes aujourd’hui : un goût, très sûr, teinté d’irrévérence créative et d’une qualité irréprochable. Des codes partagés par les français Avoc, pour Architecture Vestimentaire Ornement Corporel et leurs pièces mixtes (!!!) inspirées des grands classiques masculins. Des classiques revisités par l’art du détail dans lequel ils excellent eux aussi, avec un brin de folie bien décalée…http://atelieravoc.com