Institut Fraser : L'achat en gros de médicaments d'ordonnance peut faire économiser de l'argent aux gouvernements, mais représente un risque pour certains patients

CALGARY, ALBERTA--(Marketwired - 9 mai 2013) - Les gouvernements qui optent pour les contrats d'achat de médicaments en gros peuvent faire économiser de l'argent aux contribuables, mais au risque de nuire à la santé des patients en raison de l'accès limité aux médicaments optimaux, selon un nouveau rapport de l'Institut Fraser, organisme canadien indépendant et non partisan de réflexion sur les politiques publiques.

« Dans presque tous les cas, les contrats d'achat en gros font économiser de l'argent aux responsables des régimes d'assurance médicaments, mais le choix et la souplesse sont souvent sacrifiés. Les économies sont accompagnées de la possibilité de conséquences négatives, notamment de risques pour la santé et le bien-être des patients, et de réductions dans l'innovation pharmaceutique », affirme Kristina Lybecker, docteure en économie, senior fellow de l'Institut Fraser et auteure de The Bulk Purchase of Pharmaceuticals.

Les contrats d'achat en gros visent à réduire les coûts unitaires des médicaments d'ordonnance en augmentant le volume de produits achetés. Sur les marchés des produits pharmaceutiques, cela se fait en réunissant plusieurs entités acheteuses telles que des provinces, des municipalités ou des employeurs afin qu'elles obtiennent des prix moins élevés pour les médicaments provenant d'habitude directement du fabricant.

Au début de l'année, les provinces et territoires du Canada ont convenu d'acheter en gros six médicaments génériques prescrits massivement en vue de faire des économies qui devraient se chiffrer à 100 millions de dollars.

« Les coûts des produits pharmaceutiques, et les coûts des soins de santé en général, augmentent à un rythme qui dépasse largement celui de l'inflation, ce qui inflige aux fournisseurs des gouvernements la tâche difficile d'établir un équilibre entre les besoins des consommateurs et les réalités budgétaires », de dire Mme Lybecker.

La publication The Bulk Purchase of Pharmaceuticals étudie les contrats d'achat en gros de produits pharmaceutiques en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et en Europe, en examinant plus précisément le mode d'utilisation des contrats dans chaque pays, en quantifiant les économies réalisées et en déterminant les conséquences connexes.

Le rapport présente d'abondantes preuves anecdotiques pour montrer que les contrats d'achat en gros engendrent toujours des économies de coûts, qui varient et peuvent être tout aussi bien impressionnantes que modestes et qui sont attribuables aux facteurs suivants :

  • Acceptation par les pharmacies fournisseuses d'une diminution du remboursement et des frais d'exécution d'ordonnance en échange d'un plus grand volume d'ordonnances.

  • Diminution des frais d'administration lorsqu'ils sont répartis sur un plus grand nombre d'unités, ce qui réduit essentiellement le coût unitaire et permet de faire des économies d'échelle.

  • Meilleures possibilités d'influencer la part de marché grâce à l'accroissement des volumes et aux concentrations dans un secteur donné, ce qui se traduit par de meilleurs rabais négociés avec les entreprises pharmaceutiques.

Cependant, le rapport souligne que l'achat de médicaments en gros peut nuire à la santé des patients.

« Ces contrats peuvent restreindre l'accès aux médicaments en obligeant les patients à payer eux-mêmes les médicaments dont ils ont besoin et peuvent aussi retarder la mise en marché de nouveaux médicaments novateurs », soutient Mme Lybecker.

« Ce système peut faire du tort aux patients et entraîner des dépenses supplémentaires consacrées à des soins non pharmaceutiques. En effet, l'expérience néo-zélandaise fait nettement ressortir des résultats médiocres en matière de santé, une diminution de l'innovation et la possibilité d'une absence d'économies globales étant donné que les coûts sont transférés dans d'autres domaines des soins de santé. »

Mme Lybecker conclut en disant que, même s'il ne fait aucun doute que les régimes d'achat en gros de médicaments d'ordonnance peuvent entraîner des économies, les gouvernements doivent être prudents en s'assurant que les économies potentielles ne sont pas contrebalancées par des coûts de santé de nature non pharmaceutique et des résultats médiocres pour la santé.

La version intégrale de l'étude en format PDF (en anglais seulement) est téléchargeable gratuitement à www.institutfraser.org.

L'Institut Fraser est un organisme canadien indépendant de recherche en politique publique et d'éducation qui possède des bureaux à Vancouver, à Calgary, à Toronto et à Montréal, et collabore avec 86 centres d'études et de recherches dans le monde. Sa mission consiste à mesurer, à analyser et à faire connaître les effets d'un marché concurrentiel et de l'intervention gouvernementale sur le bien-être des citoyens. Afin de préserver son indépendance, l'Institut refuse toute subvention et tout contrat de recherche des administrations publiques. Consultez son site à l'adresse www.institutfraser.org.